mardi 18 décembre 2007

DéMéNAGEMENT !

Pour plus de clarté, pour plus de convivialité (etc etc), le blog a changé d'adresse :

dimanche 16 décembre 2007

Compte-rendu de la réunion d'UFR du 13/12

Quelques informations brutes qui nous ont été données par mail concernant la réunion d'ufr de jeudi soir. Nous sommes désolés de la gestion parfois chaotique du blog mais nous travaillons à son remaniement, et à un déménagement vers une plateforme qui permettrait de le rendre plus clair.

1) Le second semestre débutera effectivement (pour ce qui concerne les cours) le lundi 21 janvier.
2) Les deux premières semaines de rentrée seront consacrées, pour l'une (du 7 au 12), à l'organisation d'oraux (pour compléter ceux qui ont déjà eu lieu dans le cadre des TD) ; pour l'autre (du 14 au 19), à l'organisation de devoirs écrits.
3) Des dates de jury de Licence et de Master ont été fixées en conséquence.

vendredi 14 décembre 2007

Message de Claire Louguet du 14/12

Bonjour,
En discutant avec certains d'entre vous ce matin, je me suis rendu compte que mon message du 11/12 sur la poursuite du blocage n'avait pas été très bien compris. Je voulais tout simplement dire que le blocage était devenu contre-productif et que je ne souhaitais pas participer à des discussions sur la loi dans ces conditions (je ne voulais pas que ma participation puisse être considérée comme une caution d'un moyen de lutte dont j'ai du mal à voir l'efficacité depuis un certain temps). Cela ne signifie nullement que je baisse les bras, ni non plus que j'abandonne l'idée de discuter avec vous - bien au contraire ! J'ai constaté lors de l'AG qui a suivi le départ des "forces de l'ordre" cet après-midi que certains, même parmi les "bloqueurs", souhaitent une orientation vers d'autres moyens de lutte (discussions, débats, par exemple). J'espère que ce souhait raisonnable rencontrera l'adhésion du plus grand nombre. J'espère tout aussi vivement, bien entendu, que nous n'aurons plus à subir l'intervention des CRS…

L2 (la morale antique)
Le DM doit être rendu lundi 17 décembre dernier délai (si vous ne pouvez pas le déposer au secrétariat, envoyez-le moi par mail pour que je puisse le corriger avant jeudi).
Les exposés auront lieu la semaine du 7 janvier. Les étudiants n'ayant pas de sujet doivent me contacter par mail de toute urgence.
Le DS aura lieu la semaine du 14 janvier.
Complément bibliographique : vous consulterez avec profit Philosophie grecque, édité sous la direction de Monique Canto-Sperber, PUF Premier Cycle 1997.
Si les cours reprennent, le CM du 20 décembre portera sur Socrate, Platon et Aristote ; le TD sera consacré à la correction du DM et à des exercices d'entraînement.

L3 (Ethique à Nicomaque)
Les exposés auront lieu la semaine du 7 janvier. Les étudiants n'ayant pas de sujet doivent me contacter par mail de toute urgence.
Le DS aura lieu la semaine du 14 janvier. Vous devez très bien connaître les livres I, II, III et VI, et avoir lu la totalité de l'œuvre. Vous aurez le choix entre deux textes qui ne seront pas nécessairement tirés des livres I, II, III ou VI, mais la connaissance de ces livres (et de ce qui a été vu en cours, bien sûr) vous donnera les éléments nécessaires pour les commenter.
Complément bibliographique : Pierre Aubenque, La prudence chez Aristote, PUF Quadrige, 1963. A lire si vous avez déjà une bonne connaissance de l'Ethique à Nicomaque.
Si les cours reprennent, le CM du 21 décembre portera sur les livres III et VI ; le TD sera consacré à la correction du DM et à des exercices d'entraînement.

L3 (Thomas d'Aquin)
Les oraux auront lieu la semaine du 7 janvier.

L3 (Plotin)
Les oraux auront lieu la semaine du 7 janvier.

Claire Louguet (claire.louguet@univ-lille3.fr)

Communiqué pour tous les étudiants de philo

Chers Camarades de philo,
De l'avis général, il semblerait qu'aucun examen de contrôle continu (en philo) n'ait lieu la semaine prochaine, mais nous attendons malgré tout un communiqué officiel (du directeur d'UFR) pour confirmer cette -probable- supposition. Les contrôles continus auraient donc lieu début janvier, et ce, même si le déblocage est voté lundi (d'après ce qui s'est dit en AG cet après-midi, où de nombreux profs étaient présents).
En attendant cette confirmation, nous vous encourageons vivement à réviser les cours dont vous disposez déjà (si vous n'avez pas séché), à consulter les bibliographies dans votre guide des études, et à suivre les conseils et pistes de lecture données par les profs (disponibles sur le blog).
Soyez consciencieux, ne glandez pas, et n'oubliez pas d'aller voter lundi !

L'association Noésis Qui Montre Le Bon Exemple :)

Information concernant le master 1 de philosophie [pour les séminaires de socio] :

Le sécrétariat nous a demandé de transmettre les infos suivantes, qui ne concernent que les masters:

Séminaire de M. VIDAL : sociologie politique - Contrôle continu : LUNDI
7 JANVIER de 14H30 à 16H30 - salle B2 - 310

Séminaire de M.VIDAL : sociologie urbaine - Contrôle terminal : MERCREDI
9 JANVIER de 13H30 à 17H30 - AMPHI B - attention les étudiants auront
une liasse de 5 sujets et devront surtout bien prendre celui qui
portera le nom de M. Vidal.

jeudi 13 décembre 2007

Message du 20/12/07

Bonjour,
Ce message s'adresse aux étudiants en L3 philo-socio et concerne le stage d'observation sociologique. Merci aux étudiants d'autres formations qui en sont destinataires de ne pas en tenir compte.

Je serai demain à mon bureau, de 11h à 17 h pour recevoir ceux qui le souhaitent et faire un point sur l'avancement de vos travaux.J'organiserai une réunion ou une "permanence" du même type dans la semaine du 7 janvier dont je vous communiquerai la date et l'horaire précis dans les jours qui viennent. Vous aurez ces informations également par affichage à l'UFR.
Merci de relayer cette informations auprès des étudiants qui en sont concernés.

Bien cordialement à vous tou(te)s,

Milena Doytcheva

Message de Claudio Majolino

Pour les étudiants de L2 - TD "L'intentionnalité"

Voici les textes à commenter dont je vous avais parlé dans mon dernier message (auquel je renvoie pour le "mode d'emploi"). Compte tenu de la difficulté de certains extraits, n'hésitez pas à me solliciter pour avoir des éclaircissements sur des points spécifiques. Bon travail.

CM

P.S. : J'ai recopié une dizaine de pages en très peu de temps, et il n'est pas exclu que des coquilles se soient glissées dans les textes. Soyez donc vigilants (et indulgents...).

Licence 2 – SEMESTRE 1 – UE 2 : Histoire de la philosophie contemporaine
TD – Introduction à la phénoménologie : l’intentionnalité
M. Claudio Majolino

* Texte n° 1
« Le monde entier de nos phénomènes se divise en deux grandes classes, la classe des phénomènes physiques et celle des phénomènes psychiques. (…) Il ne suffit pas, à cette fin, de donner des définitions générales (…). Essayons donc d’abord d’éclairer les concepts par des exemples.
Toute représentation sensorielle ou imaginative peut fournir des exemples de phénomènes psychiques. Et par représentation j’entends ici non pas ce qui est représenté, mais l’acte de représentation. L’audition d’un son, la vision d’un objet coloré, la sensation de chaud et de froid ainsi que tous les états analogues de notre imagination sont des exemples au sens où je prends ce terme ; mais également l’acte de penser une notion générale, si tant est que cet acte existe effectivement. En outre, n’importe quel jugement, n’importe quel souvenir, n’importe quelle attente, n’importe quel raisonnement, n’importe quelle croyance ou opinion, n’importe quel doute constituent des phénomènes psychiques. De même tout ce qui est émotion : joie, tristesse, crainte, espoir, courage, découragement, colère, amour, haine, désir, volonté, intention, étonnement, admiration, mépris etc.
Comme exemples de phénomènes physiques nous citerons : une couleur, une figure, un paysage que je vois, un accord que j’entends, la chaleur, le froid, l’odeur que je sens et toutes les images de même genre qui apparaissent dans mon imagination. Ces exemples doivent suffire à faire voir clairement la différence entre les deux classes (…). Ce qui caractérise tout phénomène psychique, c’est ce que les Scolastiques du Moyen-Âge ont appelé l’in-existence intentionnelle (ou encore mentale)1 et ce que nous pourrions appeler nous-mêmes – en usant d’expressions qui n’excluent pas toute équivoque verbale – rapport à un contenu, direction vers un objet (sans qu’il faille entendre par là une réalité) ou objectivité immanente. Tout phénomène psychique contient en soi quelque chose à titre d’objet, mais chacun le contient à sa façon. Dans la représentation c’est quelque chose qui est représenté, dans le jugement quelque chose qui est admis ou rejeté, dans l’amour quelque chose qui est aimé, dans la haine quelque chose qui est haï, dans le désir quelque chose qui est désiré et ainsi de suite »

NOTE 1 : Ils emploient également l’expression « exister à titre objectif (objective) dans quelque chose ». (…) C’est ce que nous rappelle l’expression « exister à titre d’objet immanent », que l’on utilise parfois dans le même sens et où le mot immanent prête à malentendu.
[F. Brentano, Psychologie d’un point de vue empirique (1874), tr. fr. pp. 67-9]

* Texte n° 2
« Il est une autre particularité, commune à tous les phénomènes psychiques : ils ne sont perçus que dans la conscience intérieure, tandis que les phénomènes physiques ne peuvent l’être que par une perception extérieure. (...) Lorsque nous disions donc que les phénomènes psychiques sont ceux qui sont saisis par la perception intérieure, cela signifie que leur perception est immédiatement évidente.
Disons plus : non seulement la perception intérieure est la seule qui soit d’une évidence immédiate : elle est vraiment la seule perception (i) au sens propre du mot. (…)
Récapitulons, pour terminer les résultats de nos discussions relatives à la différence entre phénomènes psychiques et physiques. Nous avons d’abord illustré par des exemples la particularité des deux classes. Nous avons ensuite défini les phénomènes psychiques, comme représentations ou des phénomènes reposant sur des représentations, tous les autres phénomènes étant des phénomènes physiques. Puis nous avons parlé de l’étendue où certains psychologues ont vu le caractère propre de tous les phénomènes physiques, cette étendue étant censée absente de tous les phénomènes psychiques. (…) Nous avons ensuite trouvé comme particularité distinctive de tous les phénomènes psychiques, l’in-existence intentionnelle par rapport à quelque chose à titre d’objet. Aucun des phénomènes physiques ne présente rien de tel. Nous avons encore défini les phénomènes psychiques comme étant exclusivement l’objet de perception interne ; seuls ils sont, en conséquence, perçus avec une évidence immédiate ; ils sont même au sens rigoureux du mot, les seuls perçus. En conséquence de quoi nous avons ajouté qu’on pouvait les définir comme les seuls phénomènes qui possèdent, outre l’existence intentionnelle, une existence effective. (…) Ce qui caractérise le mieux sans aucun doute les phénomènes psychiques, c’est le caractère de l’in-existence intentionnelle. En y joignant les autres particularités indiquées, nous pouvons considérer maintenant que les phénomènes psychiques sont nettement définis par rapport aux phénomènes physiques. »

(i) NB : En allemand « perception » se dit « Wahr- nehmung », ce qui veut dire, littéralement, « saisie du vrai ».
[F. Brentano, Psychologie d’un point de vue empirique (1874), tr. fr. pp. 92-3, 102]

* Texte n° 3
« C’est une des propositions de la psychologie les mieux connues, et qui ne sont bien contestées par personne, que chaque phénomène psychique se relie à un objet immanent ( …). On a, sur le fondement de cette relation à un « objet immanent », particulière aux phénomènes psychiques, pris l’habitude de distinguer acte et contenu en chaque phénomène psychique (…). Et c’est ainsi qu’il est devenu usuel, partout où il pourrait y avoir ne serai-ce que la moindre possibilité d’un malentendu, de se servir, au lieu de l’expression « représentation », d’une des deux expressions « acte de représentation » et « contenu de représentation ». Si l’on parvient par là toute confusion entre l’acte psychique et son contenu, il reste pourtant encore à surmonter une ambiguïté. (…) D’après cela on a à distinguer l’objet sur quoi « se dirige » pour ainsi dire notre représenter, de l’objet immanent ou du contenu de la représentation. (…) On verra aussi que l’expression « représenté » est ambiguë de manière analogue à l’expression « représentation ». Celle-ci sert à désigner l’acte et le contenu, l’objet immanent, et à désigner l’objet non immanent, ce qui se tient en face de la représentation. (…) L’analogie avec les rapports qui se trouvent dans le domaine du représenté est parfaite. Ici comme là, on a un acte psychique ; ici le juger, là le représenter. Ceci comme cela se relie à un objet, supposé comme indépendant de la pensée. Aussi bien quand l’objet devient représenté que quand il devient jugé, il y a à venir au jour, en plus de l’acte psychique et de son objet, un troisième élément, qui est pour ainsi dire un signe de l’objet : son « image » psychique, dans la mesure où il devient représenté, et son existence, dans la mesure où il devient jugé. Aussi bien de l’ « image » psychique d’un objet que de son existence on dira que celle-ci devient représentée, celle-ci jugée ; mais l’objet propre du représenter et du juger n’est ni l’image psychique de l’objet, ni son existence, mais l’objet lui-même »
[K. Twardowski, Sur la théorie du contenu et de l’objet des représentations (1894), in Husserl-Twardowski, Sur les objets intentionnels, tr. fr. p. 87-94]

* Texte n° 4
« Si le mot « représenter » est ambigu, puisqu’on dit du contenu aussi bien que de l’objet d’une représentation qu’il est « représenté » (…) le moyen d’établir fermement la différence de signification nous est offert par le rappel du rapport entre les épithètes attributives ou déterminantes, d’une part, et entre les épithètes modifiantes, d’autre part. On nomme attributive ou déterminante une détermination si elle complète ou élargit la signification de l’expression à laquelle appartient. Est ensuite modificatrice une détermination si elle rend complètement autre la signification originaire du nom auprès duquel elle se tient. Ainsi, dans « homme bon » la détermination « bon » est véritablement attributive ; si l’on dit « homme mort », on se sert alors d’une épithète modificatrice, puisque l’homme mort n’est pas un homme. (…) La même chose vaut pour la détermination : quelque chose est « représenté ». (…) Nous allons considérer d’abord un cas tout à fait analogue : on dit que le peintre peint un tableau, mais aussi qu’il peint un paysage. L’opération du peintre se dirige sur deux objets ; le résultat de cette opération ne fait qu’un seul. Le tableau est peint, il n’est ni buriné, ni gravé etc., mais il est un tableau peint véritable. Le paysage, lui aussi, est peint : mais il n’est pas un paysage véritable, il est seulement « peint ». Le mot « peint » joue donc un rôle double. (…) Or, ce que nous avons remarqué sur le mot « peint » dans son application au tableau et au paysage, vaut mutatis mutandis pour la détermination « représenté » (…). L’objet représenté au sens dans lequel le paysage peint est une image est le contenu de la représentation (…) et en cela l’expression représenté est, en tant que détermination de l’objet, modificatrice, puisque l’objet représenté n’est plus un objet mais un contenu de représentation. Le paysage peint, lui non plus, n’est un paysage, avons-nous dit, mais une image »
[K. Twardowski, Sur la théorie du contenu et de l’objet des représentations (1894), in Husserl-Twardowski, Sur les objets intentionnels, tr. fr. p. 87-94]

* Texte n° 5
« <§ 4. L’impropriété qu’il y a à parler d’objets immanents>. En tout cas, avant que nous ne nous décidions à admettre des conséquences si fortes, il vaut la peine d’examiner la question de savoir si le fait de parler d’objets immanents des représentations et des jugements ne peut pas se comprendre comme quelque chose d’impropre, de telle sorte que dans les actes eux-mêmes, il n’y aurait en général rien à loger, qu’en eux, au sens propre, il n’y aurait rien là dont on puisse dire que ce serait l’objet que l’acte représenterait ou rejetterait ; donc que les actes, si à la manière d’opérations, ils avaient besoin d’un matériau existant sur lequel ils opèrent, ne pourraient pas avoir, dans les objets « auxquels ils se relieraient », le matériau dont ils ont besoin (…) une telle conception est aussi ce à quoi nous pousse d’emblée la distinction de la teneur idéale des actes de représentation par rapport à leur teneur psychologique. La première renvoie en effet à certaines connexions d’identification dans lesquelles nous saisissons l’identité de l’intention, alors que les représentations singulières n’auraient pas en commun pourtant de partie constitutive quelconque qui soit psychologiquement identique. Nous avons mis d’emblée la relation objective des représentations au compte de leur teneur idéale. (…) Si nous le laissons tomber, l’attribut « intentionnel » ne modifie plus alors l’objet pour en faire un objet qui n’est pas ; mais ce qui est visé maintenant, c’est un objet au sens où il doit être propre à chaque représentation, valable comme non valable, ou bien un objet dont il est totalement fait abstraction de la question corrélative de l’existence »
[E. Husserl, Objets intentionnels (1894), tr. fr. in Husserl-Twardowski, Sur les objets intentionnels, pp. 94-98]

* Texte n° 6
« Je ne peux pas laisser valoir ce qu’offre ce paragraphe comme des descriptions psychologiques. L’activité de représentation ne se meut pas dans une double direction : c’est seulement notre réflexion d’après coup qui le fait (…). D’après Twardowski, pour toute représentation, de même qu’un contenu il y a de même un objet ; il existe donc, et cette existence est une existence véritable, dans la mesure où en effet nous n’inventons pas que toute représentation a un objet. Or cela veut dire : cette existence de l’objet n’est pourtant pas l’existence véritable, mais l’existence intentionnelle ; ce qui existe là véritablement, c’est l’objet représenté en tant que tel, non pas l’objet en lui-même. (…) La solution de ces difficultés n’est alors possible que si l’on conçoit comme entièrement impropres des manières de parler telles que « chaque représentation se rapporte à un objet », « il y a un objet intentionnel », « il a une existence intentionnelle » etc., de telle sorte qu’avec elles, dans les affaires qui touchent à un objet, il n’y a là nullement porté un jugement d’existence, mais il y a là seulement désignée une certaine fonction de toutes les représentations, à savoir celle qui consiste à intervenir, dans une connexion de jugement, d’une certaine façon qui demeure typiquement la même, que le jugement d’existence correspondant soit ou non encore valable »
[E. Husserl, Discussion de Twardowski (1894), tr. fr. in Husserl-Twardowski, Sur les objets intentionnels, pp. 351-353]

* Texte n° 7
« Nous ferons bien, à ce sujet, de ne parler ni de phénomènes psychiques, ni en général de phénomènes, là où il s’agit de vécus de la classe en question. (…) le terme de phénomène n’est pas seulement entaché d’ambiguïtés très préjudiciables, mais il entraîne aussi une conviction théorique très douteuse que nous trouvons proclamée expressément chez Brentano, à savoir que tout vécu intentionnel est précisément phénomène. (…) D’autres objections concernent les expressions que Brentano emploie parallèlement au terme de phénomène psychique (…) : il est en tout cas très risqué et assez souvent trompeur de dire que les objets perçus, imaginés, jugés, désirés, etc. « entrent dans la conscience », ou, inversement, que « la conscience ‘entre en relation’ avec eux de telle ou telle manière, qu’ils « sont reçus dans la conscience » de telle ou telle manière, etc., mais pareillement aussi, de dire que les vécus intentionnels « contiennent quelque chose comme objet ». Des expressions de ce genre suscitent deux interprétations erronées : en premier lieu, qu’il s’agirait d’un processus réel ou d’une relation réelle qui ne nouerait entre la conscience et la chose « dont nous avons conscience » ; et en second lieu, qu’il s’agirait d’un rapport entre deux choses ; acte et objet intentionnel se trouvant au même titre réellement dans la conscience, d’une sorte d’emboîtement d’un contenu psychique dans l’autre. Examinons tout d’abord de plus près la mésinterprétation mentionnée en second lieu. Ce qui la favorise, c’est d’une part l’expression d’objectivité immanente servant à désigner la caractéristique essentielle des vécus intentionnels, et d’autre part les expressions scolastiques synonymes d’existence intentionnelle ou mentale d’un objet. Les vécus intentionnels ont pour caractéristique de se rapporter de diverses manières à des objets représentés. C’est là précisément le sens de l’intention. Un objet est « visé » en eux, on le « prend pour but ». (…) Il n’y a pas deux choses qui soient présentes dans le vécu, nous ne vivons pas l’objet et, à côté de lui, le vécu intentionnel qui se rapporte à lui. (…) Si ce vécu est présent, alors eo ipso, conformément, je le souligne, à l’essence propre de ce vécu, la « relation intentionnelle » à un objet est réalisée, et eo ipso un objet est « présent intentionnellement » ; car les deux expressions veulent dire exactement la même chose »
[E. Husserl, Vème Recherche logique (1901), Ch. II, pp. 172-5]

* Texte n° 8
« 1) Il faut se garder de l’erreur de la théorie des signes, qui croit avoir suffisamment élucidé le fait (impliqué dans tout acte) de la représentation en disant : la chose elle-même est « dehors » ou du moins elle l’est dans certaines circonstances ; dans la conscience se trouve son représentant, une image. (…) L’expression simpliste d’images internes (par opposition aux objets extérieurs) ne doit pas être tolérée (…). Le tableau n’est une image que pour une conscience constituante d’image, c’est-à-dire qui seule confère à un objet primaire et lui apparaissant dans la perception la « valeur » ou la « signification » d’une image. (…)
2) C’est une grave erreur [aussi] que d’établir d’une manière générale une différence réelle entre les objets « simplement immanents » ou « intentionnels » d’une part, et d’autre part les objets « véritables » et « transcendants » qui leur correspondent éventuellement : peu importe que l’on interprète cette différence comme une différence existant entre un signe ou une image réellement présents dans la conscience et la chose désignée ou reproduite par l’image. (…) Il suffit de dire pour qu’on se rende à l’évidence : l’objet intentionnel de la représentation est LE MEME que son objet véritable éventuellement extérieur et il est ABSURDE d’établir une distinction entre les deux. L’objet transcendant ne serait, en aucune façon, l’objet de cette représentation s’il n’était pas son objet intentionnel. (…) L’objet de la représentation, de l’ « intention » est et signifie : l’objet représenté, l’objet intentionnel. Que je me représente Dieu ou un ange, un être intelligible en soi ou une chose physique ou un carré rond etc. ce qui par là est nommé, le transcendant, est justement ce qui est visé, donc (simplement en d’autres termes) est objet intentionnel ; peu importe que cet objet existe, soit fictif ou absurde. Quand on dit que l’objet est « simplement intentionnel », cela ne signifie nullement qu’il existe, quoique seulement dans l’intentio (…) ; ni qu’il existe dans celle-ci quoique ombre de l’objet ; cela veut dire plutôt : ce qui existe c’est l’intention, la « visée » d’un objet de telle sorte, mais non l’objet. Si par contre l’objet intentionnel existe, ce n’est pas seulement l’intention, l’acte de visée qui existe, mais aussi ce qui est visé. »
[E. Husserl, Vème Recherche Logique (1901), Appendice aux §§ 11 et 20, pp. 228-231]

* Texte n° 9
« § 84 – L’intentionnalité comme thème capital de la phénoménologie. Nous abordons maintenant un autre trait distinctif des vécus qu’on peut tenir véritablement pour le thème central de la phénoménologie orientée « objectivement » : l’intentionnalité. (…) C’est l’intentionnalité qui caractérise la conscience au sens fort et qui autorise en même temps à traiter tout le flux du vécu comme un flux de conscience et comme l’unité d’une conscience ; (…) il s’agit maintenant de reconnaître dans l’intentionnalité le titre qui rassemble des structures phénoménologiques fort variées et d’esquisser la problématique sui se rapporte essentiellement à ces structures (…). Nous entendons par « intentionnalité » cette propriété qu’ont les vécus d’être « conscience de quelque chose ». Nous avons d’abord rencontré cette propriété remarquable, à laquelle renvoient toutes les énigmes de la théorie de la raison et de la métaphysique, dans le cogito explicite : une perception est perception de…, par exemple d’une chose ; un jugement est un jugement d’un état de choses, etc. En tout cogito actuel un « regard » qui rayonne du moi pur se dirige sur l’ « objet » de ce corrélat de conscience, sur la chose, sur l’état de choses etc. ; ce regard opère la conscience (d’espèce fort variée) qu’on a de lui. Or, la réflexion phénoménologique nous a enseigné qu’on ne peut découvrir en tout vécu cette conversion du moi qui se représente, pense, évalue etc., cette façon de s’occuper-actuellement-de-son-objet-corrélat, d’être-dirigé-vers-lui (ou même de se détourner de lui, tout en ayant le regard sur lui) ; et pourtant ces vécus comportent une intentionnalité. Il est clair par exemple que l’arrière-plan d’objets d’où se détache un objet perçu sur le mode du cogito actuel, par le fait qu’il bénéficie de cette conversion par laquelle le moi le distingue, est véritablement du point de vue du vécu un arrière-plan d’objets. Autrement dit, tandis que nous sommes maintenant tournés vers l’objet sous le mode du « cogito », toutes sortes d’objets « apparaissent » néanmoins, accèdent à une « conscience » intuitive, vont se fondre dans l’unité intuitive d’un champ d’objets de conscience. C’est un champ de perceptions potentielles, en ce sens qu’un acte particulier de perception (un cogito qui aperçoit) peut se tourner vers chaque chose qui apparaît ainsi. »
[E. Husserl, Idées directrices pour une phénoménologie (1913), § 84, tr. fr. pp. 282-285]

* Texte n° 10
« § 85. HYLE SENSUELLE ET MORPHE INTENTIONNELLE. Nous avons déjà indiqué plus haut, en caractérisant le flux du vécu comme l’unité d’une conscience, que l’intentionnalité, abstraction faite de ses formes et de ses degrés énigmatiques, ressemble à un milieu universel qui finalement porte en soi tous les vécus, même ceux qui ne sont pas caractérisés comme intentionnels. (…) En tout cas, dans l’ensemble du domaine phénoménologique cette dualité et cette unité remarquables de la hylé sensuelle et de la morphé intentionnelle jouent un rôle dominant. En fait ces concepts de matière et de forme s’imposent franchement à nous quand nous présentifions quelques intuitions claires, ou des appréciations, des actes de plaisir, des volitions etc., clairement opérés. Les vécus intentionnels se présentent alors comme des unités grâce à une donation de sens (en un sens très élargi du mot). Les data sensibles se donnent comme matière à l’égard de formations simples et de formations fondées de manière originale. (…) La doctrine des « corrélats » confirmera encore par un autre côté combien ces expressions conviennent.
Quant aux deux possibilités laissées en suspens ci-dessus, on pourrait donc les intituler : matières sans forme et formes sans matière (…). Ce qui informe la matière pour en faire un vécu intentionnel, ce qui introduit l’élément spécifique de l’intentionnalité, c’est cela même qui donne à l’expression de conscience son sens spécifique et fait que la conscience précisément indique ipso facto quelque chose dont elle est la conscience. Comme l’expression de moments de conscience, d’aspects conscientiels, ou toute autre expression formée sur le même modèle, et également l’expression de moments intentionnels, sont rendues absolument inutilisables par suite des multiples équivoques qui se manifesteront plus directement par la suite, nous introduisons le terme de moment noétique ou plus brièvement de noèse (…). Nous nous en tenons donc au mot noétique et nous disons : le flux de l’être phénoménologique a une couche matérielle et une couche noétique. »
[E. Husserl, Idées directrices pour une phénoménologie (1913), § 85, tr. fr. pp. 287-94]

* Texte n° 11
« Le Dasein est l’étant qui en son être se rapporte ontiquement à cet être. Par là est indiqué le concept formel d’existence. Le Dasein existe. Le Dasein est en outre l’étant que je suis chaque fois moi-même. (…) Or, ces déterminations d’être du Dasein doivent être vues et étendues a priori sur la base de la constitution d’être que nous appelons l’être-au-monde (…). De nos jours on continue d’ordinaire à ramener l’acte de connaître à une « relation entre le sujet et l’objet », où la « vérité » le dispute au creux. Sujet et objet ne se recouvrent pas, fût-ce tant bien que mal, avec Dasein et monde (…). Même s’il convenait de faire de l’être-au-monde connaissant la détermination ontologique primitive de l’être-au, cela ne manquerait pas d’entraîner comme tâche prioritaire la caractérisation phénoménale du connaître comme un être dans et par rapport au monde. (…) En se dirigeant sur… pour concevoir, le Dasein ne commence pas par quitter en quelque sorte sa sphère intérieure dans la quelle il serait d’abord bouclé, au contraire de par son genre d’être primitif il est toujours déjà « au-dehors » auprès d’un étant se rencontrant dans le monde chaque fois dévoilé. Et le séjour auprès de l’étant à connaître pour le déterminer n’est pas un quelconque abandon de la sphère intérieure, au contraire même dans cet « être-au-dehors » auprès de l’objet, le Dasein est, au sens bien compris de l’expression, « au-dedans », c’est-à-dire qu’il est lui-même, en tant qu’être-au-monde ce qui connaît. Et à son tour, la perception de ce qui est connu ne marque pas son retour pour, après être sorti concevoir, réintégrer avec le butin conquis le « boîtier » de la conscience ; au contraire, même en percevant, en conservant et en retenant, le Dasein qui connaît demeure en tant que Dasein au-dehors. Que je sache « simplement » ce qu’il en est d’un étant quant à son être, que j’en aie « seulement » la représentation, que je me « limite » à y « penser », je n’en suis pas moins près de l’étant au-dehors dans le monde que si je m’en saisis de façon originaire. Même le fait d’oublier quelque chose, où, semble-t-il, tout rapport d’être à ce qui avait été auparavant connu est effacé, doit être conçu comme une modification de l’être-au original, pareillement toute méprise et toute erreur » ;
[M. Heidegger, Etre et temps (1927), §§ 12-13, tr. fr. pp. 86-97]

* Texte n° 12
«Phénoménologie dit alors apophainestai ta phainomena : ce qui se montre, tel qui se montre de lui-même, le faire voir à partir de lui-même. (…) Le terme phénoménologie diffère donc de par son sens, des désignations comme théologie et autres –logies. Celles-ci nomment les objets de la science en question en ce qui fait chaque fois leur contenu. « Phénoménologie » ne nomme pas l’objet de ses investigations, pas plus que le terme n’en caractérise le contenu. Le mot renseigne seulement sur le comment de la monstration et sur la façon de traiter de ce qu’il revient à cette science de traiter. Science « des » phénomènes veut dire : une telle manière de saisir ses objets que tout ce que la dite science a à élucider à leur propos doive se traiter par monstration directe et par justification directe. C’est le même sens qu’a l’expression au fond tautologique « phénoménologie descriptive » (…). Qu’est-ce que la phénoménologie a à « faire voir » ? Qu’est-ce qui dit être appelé « phénomène » en un sens privilégié ? (…) Manifestement quelque chose qui, d’abord et le plus souvent, ne se montre justement pas, qui, à la différence de ce qui se montre d’abord et le plus souvent, est en retrait mais qui est, en même temps, quelque chose qui fait essentiellement corps avec ce qui se montre d’abord et le plus souvent de telle sorte qu’il en constitue le sens et le fond. Mais ce qui demeure en retrait dans un sens exceptionnel ou qui retombe sans arrêt dans l’occultation ou qui ne se montre que « sous un masque » n’est pas cet étant-ci ni celui-là mais, au contraire, ainsi que l’ont montré les considérations antérieures, l’être de l’étant. (…) La phénoménologie est la manière d’accéder à et de déterminer légitimement ce que l’ontologie a pour thème. L’ontologie n’est possible que comme phénoménologie. (…) Les recherches qui suivent ne sont devenues possibles qu’en prenant pied dans le domaine instauré par E. Husserl ; ses Recherches logiques ont été pour la phénoménologie l’œuvre de percée. Les éclaircissements dont le concept inaugural de la phénoménologie a fait l’objet ont montré que ce qu’elle a d’essentiel ne consiste pas à être réelle en tant que « courant » philosophique. La seule entente de la phénoménologie qui compte est de s’emparer de sa possibilité »
[M. Heidegger, Etre et temps (1927), § 7c]

* Texte n° 13
« Afin de clarifier dans son principe le phénomène de la perception, il nous a donc fallu tout d’abord repousser deux contresens naturels et tenaces relatifs à l’intentionnalité. Résumons brièvement ces deux interprétations trompeuses. Il faut affirmer en premier lieu, contre toute fausse objectivation de l’intentionnalité, que celle-ci n’est pas une relation subsistante entre un sujet et un objet, mais une structure qui constitue le caractère de rapport du comportement du Dasein comme tel. Il faut souligner ensuite, contre toute fausse subjectivation, que la structure intentionnelle des comportements n’est pas quelque chose d’immanent à un prétendu « sujet », qui aurait d’abord et avant tout besoin de transcendance, puisque la constitution intentionnelle des comportements du Dasein est précisément la condition ontologique de possibilité de toute transcendance. La transcendance, le transcender, appartient à l’essence de l’étant qui, fondé sur cette transcendance, existe en tant qu’intentionnel, autrement dit, qui existe sur le mode du séjourner-auprès de l’étant-subsistant. L’intentionnalité est la ration cognoscendi de la transcendance. Cette dernière est la ratio essendi de l’intentionnalité dans ses différents modes.
Il résulte de cette double détermination que l’intentionnalité n’est ni quelque chose d’objectif, présent-subsistant comme un objet, ni quelque chose de subjectif, au sens de ce qui survient à l’intérieur d’un prétendu « sujet » dont le mode d’être demeure par ailleurs totalement indéterminé. L’intentionnalité n’est ni objective ni subjective au sens courant, mais les deux à la fois en un sens beaucoup plus originel, dans la mesure où l’intentionnalité, qui appartient à l’existence du Dasein, rend possible que cet étant – le Dasein – se rapporte, en existant, au présent-subsistant ? L’interprétation suffisante de l’intentionnalité remet en question le concept traditionnel de sujet et de subjectivité, non seulement au sens où la psychologie emploie ce concept, mais en allant jusqu’à ébranler les présupposés implicites qui sont nécessairement les siens, à titre de science positive, quant à l’idée même de sujet et da sa constitution ».
[M. Heidegger, Les problèmes fondamentaux de la phénoménologie (1927), tr. fr. p. 90]

* Texte n° 14
« L’interprétation plus radicale de l’intentionnalité en vue de la clarification de l’auto- compréhension quotidienne. L’être au monde en tant que fondement de l’intentionnalité. (…) Le Dasein doit nécessairement être auprès des choses. Nous avons déjà vu que les comportements du Dasein, ceux dans lesquels il existe, sont intentionnellement orientés. L’être orienté des comportements exprime un être-auprès-de ce à quoi nous avons affaire, un séjourner auprès-de, un aller-avec ce qui est donné. Pourtant l’intentionnalité ainsi conçue ne fait pas encore comprendre à quel point nous nous retrouvons dans les choses. (…) Il est clair que le fait d’en appeler à l’intentionnalité des comportements du Dasein vis-à-vis des choses ne suffit pas à faire comprendre le phénomène qui nous occupe ici, ou encore, pour le dire plus prudemment, que la caractérisation de l’intentionnalité qui a été jusqu’ici de mise en phénoménologie, se révèle insuffisante et superficielle. (…) Il importe de saisir d’abord l’intentionnalité elle-même de façon plus radicale et ensuite d’en élucider les conséquences pour ce qui a été nommé « la transposition » du Dasein dans les choses. En d’autres termes, la question est de savoir comment comprendre ce qu’on a coutume de nommer en philosophie la transcendance. On dit couramment en philosophie que ce sont les choses, les objets qui sont transcendants. Mais ce qui est originellement transcendant, c’est-à-dire ce qui transcende, ce ne sont pas les choses par opposition au Dasein, le transcendant au sens strict, c’est le dasein lui-même. La transcendance est une détermination fondamentale de la structure ontologique du Dasein. (…) On verra que l’intentionnalité se fonde sur la transcendance du Dasein et qu’elle n’est possible que sut cette base ; tandis que la transcendance ne saurait en revanche s’expliquer à partir de l’intentionnalité. Mettre à jour la constitution existentiale du Dasein implique donc d’emblée une double tâche, qui en réalité n’en fait qu’une, celle d’interpréter de manière plus radicale les phénomènes de l’intentionnalité et de la transcendance. »
[M. Heidegger, Les problèmes fondamentaux de la phénoménologie (1927), tr. fr. p. 200]

* Texte n° 15
« Une idée fondamentale de la phénoménologie de Husserl : l’intentionnalité. Contre la philosophie digestive de l’empirico-criticisme, du néo-kantisme, contre tout « psychologisme », Husserl ne se lasse pas d’affirmer qu’on ne peut pas dissoudre les choses dans la conscience. Vous voyez cet arbre-ci, soit. Mais vous le voyez à l’endroit même où il est : au bord de la route, au milieu de la poussière, seul et tordu sous la chaleur, à vingt lieues de la côte méditerranéenne. Il ne saurait entrer dans votre conscience, car il n’est pas de la même nature qu’elle (…). Husserl n’est point réaliste : cet arbre sur son bout de terre craquelé, il n’en fait pas un absolu qui entrerait, par après, en communication avec nous. La conscience et le monde sont donnés d’un même coup : extérieur par essence à la conscience, le monde est, par essence, relatif à elle. C’est que Husserl voit dans la conscience un fait irréductible qu’aucune image physique ne peut rendre. Sauf, peut-être, l’image rapide et obscure de l’éclatement. Connaître c’est « s’éclater vers », s’arracher à la moite intimité gastrique pour filer, là-bas, par-delà soi, vers ce qui n’est pas soi, là-bas, près de l’arbre et cependant hors de lui, car il m’échappe et me repousse et je ne peux pas plus me perdre en lui qu’il ne peut se diluer en moi : hors de lui, hors de moi. (…) Du même coup, la conscience s’est purifiée, elle est claire comme un grand vent, il n’y a plus rien en elle, sauf un mouvement pour se fuir, un glissement hors de soi ; si par impossible, vous entriez « dans » une conscience, vous seriez saisi par un tourbillon et rejeté au-dehors, près de l’arbre en pleine poussière, car la conscience n’a pas de « dedans » ; elle n’est que le « dehors » d’elle-même et c’est cette fuite absolue, ce refus d’être substance, qui la constituent comme conscience. (…) vous auriez [ainsi] saisi le sens profond de la découverte que Husserl exprime dans cette fameuse phrase « toute conscience est conscience de quelque chose » ».
[J.-P. Sartre, Une idée fondamentale de la phénoménologie de Husserl : l’intentionnalité, in Situations I, pp. 31-33]

* Texte n° 16
« Car la loi d’être du sujet connaissant, c’est d’être-conscient. La conscience n’est pas un mode de connaissance particulier, appelé sens intime ou connaissance de soi, c’est la dimension d’être transphénoménale du sujet.
Essayons de mieux comprendre cette dimension d’être. Toute conscience, Husserl l’a montré, est conscience de quelque chose. Cela signifie qu’il n’est pas de conscience qui ne soit position d’un objet transcendant, ou, si l’on préfère, que la conscience n’a pas de « contenu ». Il faut renoncer à ces « données » neutres qui pourraient, selon le système de références choisi, se constituer en « monde » ou en « psychique ». Une table n’est pas dans la conscience, même à titre de représentation. Une table est dans l’espace, à côté de la fenêtre, etc. L’existence de la table, en effet, est un centre d’opacité pour la conscience ; il faudrait un procès infini pour inventorier le contenu total d’une chose. Introduire cette opacité dans la conscience, ce serait renvoyer à l’infini l’inventaire qu’elle peut dresser d’elle-même, faire de la conscience une chose et refuser le cogito. La première démarche d’une philosophie doit donc être pour expulser les choses de la conscience et pour rétablir le vrai rapport de celle-ci avec le monde. Toute conscience est positionnelle en ce qu’elle se transcende pour atteindre un objet, et elle s’épuise dans cette position même : tout ce qu’il y a d’intention dans ma conscience actuelle est dirigé vers le dehors, vers la table ; toutes mes activités judicatives ou pratiques, toute mon affectivité du moment se transcendent, visent la table et s’y absorbent. Toute conscience n’est pas connaissance (il y a des consciences affectives, par exemple), mais toute conscience connaissante ne peut être connaissance que de son objet »
[J.-P. Sartre, L’être et le néant (1943), pp. 17-18]

* Texte n° 17
« Ces éclaircissements nous permettent enfin de comprendre sans équivoque la motricité comme intentionnalité originale. La conscience est originairement non pas un « je pense que », mais un « je peux »1 . (…) La vision et le mouvement sont des manières spécifiques de nous rapporter à des objets et si, à travers toutes ces expériences, une fonction unique s’exprime, c’est le mouvement d’existence, qui ne supprime pas la diversité radicale des contenus, parce qu’il les relie non pas en les plaçant tous sous la domination d’un « je pense », mais en m’orientant vers l’unité inter-sensorielle d’un « monde » (…). Dans le geste de la main qui se lève vers un objet est enfermée une référence à l’objet non pas comme objet représenté, mais comme cette chose très déterminée vers laquelle nous nous projetons, auprès de laquelle nous sommes par anticipation, que nous hantons2 . La conscience est l’être à la chose par l’intermédiaire du corps. (…) La motricité n’est donc pas comme une servante de la conscience, qui transporte le corps au point de l’espace que nous nous sommes d’abord représenté. (…) Il ne faut donc pas dire que notre corps est dans l’espace, ni d’ailleurs qu’il est dans le temps. Il habite l’espace et le temps. Si ma main exécute dans l’air un déplacement compliqué, je n’ai pas, pour connaître sa position finale, à additionner ensemble les mouvements de même sens, et à retrancher les mouvements de sens contraire. (…) L’expérience motrice de notre corps n’est pas un cas particulier de connaissance ; elle nous fournit une manière d’accéder au monde et à l’objet, une « praktognosie » qui doit être reconnue comme originale et peut-être comme originaire. Mon corps a son monde ou comprend son monde sans avoir à passer par des « représentations » (…). »
NOTE 1 : Le terme est usuel dans les textes inédits de Husserl.
NOTE 2 : Il n’est pas facile de mettre à nu l’intentionnalité motrice pure : elle se cache derrière le monde objectif qu’elle contribue à constituer.

[M. Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception (1945), pp. 71-75]

* Texte n° 18
« Le corps comme être sexué. (…) On devine ici un mode de perception distinct de la perception objective, un genre de signification distinct de la signification intellectuelle, une intentionnalité qui n’est pas la pure « conscience de quelque chose ». La perception érotique n’est pas une cogitatio qui vise un cogitatum ; à travers un corps elle vise un autre corps, elle se fait dans le monde et non pas dans une conscience (…). Il y a une « compréhension » érotique qui n’est pas de l’ordre de l’entendement puisque l’entendement comprend en apercevant un expérience sous une idée, tandis que le désir comprend aveuglement en reliant un corps à un corps. Même avec la sexualité, qui a pourtant passé longtemps pour le type de la fonction corporelle, nous avons affaire, non pas à un automatisme périphérique, mais à une intentionnalité qui suit le mouvement général de l’existence et qui fléchit avec elle. (…) Nous redécouvrons à la fois la vie sexuelle comme une intentionnalité originaire et les racines vitales de la perception, de la motricité et de la représentation (…). La sexualité n’est donc pas un cycle autonome. Elle est liée intérieurement à tout l’être connaissant et agissant, ces trois secteurs du comportement manifestent une seule structure typique, elles sont dans un rapport d’expression réciproque. Nous rejoignons ici les acquisitions les plus durables de la psychanalyse (…). En tant qu’elle porte des « organes de sens », l’existence corporelle ne repose jamais en elle-même, elle est toujours travaillée par un néant actif, elle me fait continuellement la proposition de vivre, et le temps naturel, dans chaque instant qui advient, dessine sans cesse la forme vide du véritable événement. Sans doute cette proposition demeure sans réponse. (…) C’est de cette manière que le corps exprime l’existence totale, non qu’il en soit un accompagnement extérieur, mais parce qu’elle se réalise en lui »
[M. Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception (1945), pp. 180-193]

* Texte n° 19
« Le projet d’une phénoménologie non intentionnelle semble d’abord critique à l’égard de la phénoménologie intentionnelle et, à vrai dire, il l’est. (…) Concevoir la phénoménologie autrement, c’est imposer du même coup une nouvelle démarche de la pensée en même temps que des champs d’investigation nouveaux. Toutefois la phénoménologie non intentionnelle se donne aussi pour tâche de fonder l’intentionnalité elle-même. Elle montre d’une part que le phénoménologie intentionnelle s’est déployée en laissant dans une indétermination totale, et qui plus est dans une indétermination phénoménologique, ce qui rend ultimement possible l’intentionnalité. D’autre part, en rétablissant phénoménologiquement ce fondement de l’intentionnalité, en arrachant la vie intentionnelle à l’anonymat où elle se perd chez Husserl, la phénoménologie non intentionnelle réinscrit l’intentionnalité dans un fondement plus ancien qu’elle, elle reconnaît dans l’intentionnalité le non intentionnel qui lui permet pourtant de s’accomplir. (…) Devenue principe et unique critère de la phénoménalité, accaparant l’apparaître et le réduisant à son voir, l’intentionnalité ne se tient pas pour autant en elle-même : en tant que faire-voir elle se jette vers ce qui est vu, et cela dans une immédiation telle que son voir n’est plus rien d’autre en réalité que l’être-vu de ce qui est vu (…). Dans la prise en charge de l’apparaître par l’intentionnalité deux déterminations phénoménologiques se sont produites : d’une part l’apparaître comme tel n’est plus rien d’autre que l’être-vu comme tel, le fait d’être là devant. On parle de vision, de faire-voir et de voir, mais dans ce voir le voir lui-même s’est comme éclipsé, ne laissant subsister devant lui que le vu et son être-vu, soit ce « devant » comme tel. D’autre part, cet être-vu est invinciblement l’être-vu de ce qui est vu, l’apparaître de l’étant. Cet apparaître est celui qui convient à l’étant, qui lui est propre – et aucun autre. (…) [Mais] l’intentionnalité elle-même qui donne l’étant, comment y avons-nous accès ? Est-ce encore par une intentionnalité ? On le voit, c’est la question même de l’intentionnalité qui démet celle-ci de sa prétention de constituer le « véritable accès à l’être ».
[M. Henry, Phénoménologie non intentionnelle : une tâche de la phénoménologie à venir (1995), in D. Janicaud, L’intentionnalité en question, pp. 383_9]

* Texte n° 20
« Si large soit la compréhension qu’il faille avoir de tout cela (où les concepts d’ « étant », de « mode de donné », de « synthèse » etc. se relativisent toujours à nouveau), il faut en retirer cette vue théorique que, s’il s’agit bien d’une prestation intentionnelle d’ensemble et multistratifiée de la subjectivité qui est à chaque fois en cause, celle-ci n’est cependant pas une subjectivité isolée, et qu’il s’agit de la totalité de l’intersubjectivité, dont la prestation est communisée. Ce qui se montre sans cesse à nouveau, c’est le fait que les modes d’apparition de diversités qui forment une unité, pris d’abord à la surface du visible, sont eux-mêmes à leur tour des unités, celles de diversités situées à un niveau plus profond, qui les constituent par des apparitions, de sorte que nous sommes reconduits vers un horizon obscur, qu’il s’agit d’ailleurs de découvrir sans cesse par la méthode de l’interrogation en retour. Toutes les couches et toutes les strates qui forment le tissu des synthèses qui empiètent intentionnellement d’un sujet à l’autre, forment une unité universelle de la synthèse ; c’est à travers elle que l’universum objectif, le monde, est rendu possible comme ce monde donné concrètement de façon vivante, et dans la forme où il l’est (étant ainsi donné d’avance pour toute praxis possible). Nous parlons de ce point de vue de la « constitution intersubjective » du monde, incluant sous ce titre le système d’ensemble des modes de donné, si cachés soient-ils, mais également celui des modes de validation ; c’est par cette constitution, lorsque nous en dévoilons le système, que le monde étant-pour-nous-tous est rendu intelligible, compréhensible en tant que formation de sens issue des intentionnalités élémentaires. (…) L’ « intentionnalité », c’est le véritable intitulé de toute explication, de toute intelligibilisation effective et authentique. Reconduire aux origines intentionnelles, aux unités intentionnelles de la formation du sens – cela produit une intelligibilité, laquelle une fois atteinte (mais c’est là, il est vrai, un cas idéal) ne laisserait derrière elle aucune question pourvue de sens – (…) [c’est] déjà le fait de revenir, sérieusement et vraiment, d’un « étant tout fait » à ses origines intentionnelles (…). »
[E. Husserl, La crise des sciences européennes et la phénoménologie transcendantale (1936), tr. fr. pp. 190-1]

Message de Bernard Joly du 14/12

Message de Bernard JOLY du 14 décembre
bernard.joly@univ-lille3.fr

Licence 1, UE 2, Histoire de la philosophie classique
Programme : Les Méditations métaphysiques de Descartes.
Si, comme je le souhaite vivement, l’accès à l’université est possible dans des conditions normales la semaine prochaine, j’accueillerai les étudiants aux heures prévues pour les enseignements, le mardi 18 décembre de 14h à 17h et le jeudi 20 de 14h à 16h.
Attention : Le DS prévu le mardi 18 décembre matin est reporté à la semaine du 14 au 19 janvier 2008. La date en sera précisée dès que possible, par affichage à l’UFR.
Voici le sujet du second devoir à la maison (DM2), à rendre si possible dans la semaine du 17 au 21 décembre, ou à envoyer par mel : commentaire de texte, Méditation V, § 15, GF pp. 169-171, depuis « Mais après que j’ai reconnu... » jusque « …lesquels n’ont point d’égard à son existence. »
Voici la liste des textes qui restent à commenter dans les TD, avec les références de chaque texte :
Seulement pour les étudiants du TD2 :
texte n° 7 : Méditation II, § 11-12a, GF pp. 83-85, depuis « Commençons par la considération des choses... » jusque « …se fait remarquer sous d’autres. »
texte n° 8 : Méditation II, § 12b-13, GF pp. 85-87, depuis « Mais qu’est-ce, précisément parlant... » jusque « …et dont elle est composée. »
texte n° 9 : Méditation III, § 17a, GF pp.107-109 , depuis « Et de là il suit... » jusque « …cette idée tire son origine du néant. »
texte n° 10 : Méditation III, § 22-23, GF pp.115-117 , depuis « Partant il ne reste que la seule idée... » jusque « …les défauts de ma nature ? »
Pour les étudiants du TD1 et du TD2 :
texte n° 11 : Méditation III, § 39, GF pp. 129, depuis «Et certes on ne doit pas trouver étrange… » jusque « …les choses qui marquent quelque imperfection. »
texte n° 12 : Méditation IV, § 4-5, GF pp. 135-137, depuis « En après j’expérimente en moi-même... » jusque « …n’est pas en moi infinie. »
texte n° 13 : Méditation IV, § 9b, GF pp. 141-143, depuis « Et ce qui me semble bien remarquable... » jusque « …sans jamais être indifférent. »
texte n° 14 : Méditation V, § 8, GF pp. 161-163, depuis « Mais encore qu’en effet... » jusque « …un cheval sans ailes ou avec des ailes. »
texte n° 15 : Méditation VI, § 10-11-12, GF pp. 181-183, depuis « Et parce que je me ressouvenais... » jusque « …qui me pussent obliger à les faire. »
texte n° 16 : Méditation VI, § 22-23-24, GF pp. 191-193, depuis « Et premièrement il n’y a point de doute... » jusque « …du mélange de l’esprit avec le corps. »
texte n° 17 : Méditation VI, § 28-29, GF pp.195-197 , depuis « Ainsi quoiqu’une étoile... » jusque « …rien enseigner que de fort obscur et confus. »
texte n° 18 : Méditation VI, § 35-36, GF pp. 203-205, depuis « Je remarque outre cela... » jusque « …la bonté du Dieu qui les a produits. »
Les étudiantes et étudiants qui sont prêts à faire leur exposé pourront le présenter le 18 ou le 20 décembre, aux heures prévues pour les TD. Prière de me prévenir de votre présence.
Pour toutes celles et tous ceux qui n’auront pas pu présenter un exposé pendant les TD, des séances d’oraux seront organisées dans la semaine du 7 au 12 janvier 2008, selon des horaires qui seront affichés dans les couloirs de l’UFR.

Déblocage ?

N.B: En toute neutralité, l'association vous propose un simple condensé, résultant d'informations reçues il y a peu, sur la situation.

Dans le cours de l'après midi, la faculté de Lille 3 a été débloquée.

Communiqué du président:

"Le blocage place l'université dans une situation profondément anormale, qui démoralise et désoriente l'ensemble de la communauté universitaire.Celle-ci ne saurait se résigner à devoir attendre chaque semaine le résultat d'un vote et à devoir se soumettre à des contrôles pour pouvoir étudier et enseigner.J'ai donc demandé l'intervention des forces de l'ordre afin de permettre l'accès libre à l'université, en toute sécurité.J'appelle instamment la communauté universitaire à se mobiliser pour que l'université s'affirme sereinement comme ce qu'elle ne doit plus jamais cesser d'être : un lieu d'enseignement et de recherche. Naturellement, ceci n'empêche pas - au contraire - qu'elle soit aussi un lieu de débats, de projets, de propositions.J'appelle les personnels et les étudiants à reprendre le cours normal de toutes les activités universitaires.Dès demain vendredi 14 décembre, et jusqu'aux vacances, les enseignants pourront retrouver leurs étudiants afin de les aider à préparer au mieux les examens.Sous la responsabilité des présidents de jury, chaque fois que ce sera nécessaire, les contrôles continus seront aménagés, afin qu'aucun étudiant ne soit lésé.Jean-Claude Dupas, président de l'université."

Réaction d'un professeur sur les lieux lors du déblocage:

"Alors qu'aucune voie de fait n'était commise par les étudiants présents sur le parvis (grévistes ou M2Pro sortant d'un partiel), les CRS ont chargé après que le batiment B eut été évacué et les barricades démontés avec la contribution de notre président que l'on ne se savait pas déménageur (quel homme!).A ce moment, trois étudiantes de M2Pro SDS qui sortaient d'une épreuve ont prévenu un groupe de CRS avançant groupés au pas de charge, matraques et boucliers en mains, qu'une de leurs camarades, Lauranne, était enceinte.Ce à quoi il leur fut simplement répondu :"Tant pis pour elle!" Il semble, toutefois, fort heureusement, qu'elle ait pu partir au milieu d'un groupe et n'ait pas été frappée, ce qui ne fut pas le cas de tout le monde. Pour plus d'informations, et après en être convenu avec elle, vous pouvez joindre au besoin une des étudiantes témoins (courriel ci-joint en CC).Un autre étudiant de cette même formation, Jérémie, a été "gazé" sans raison.Rien ne justifiait cette intervention, ni les quelques interpellations qui ont eu lieu.L'ordre règne à Lille3."

Face à la situation, nous avons été informé du profond désaccord de plusieurs enseignants sur les méthodes usitées pour le déblocage. Aussi, bien qu'il ne soit pas possible de l'affirmer, il se peut que certains enseignants ne fassent pas cours pour affirmer leur mécontentement. D'autres part, des affrontements entre certains étudiants bloqueurs et et les forces de l'ordre, à Lille 3, ne sont pas impossible. Face à la nature chaotique de la situation, nous recommandons aux étudiants la plus grande vigilance.

Les membres de l'association.

informations complémentaires:

http://nord-pas-de-calais-picardie.france3.fr/info/

http://www.m6info.fr/html/m6_infos/lesix.php?cp=59000#

Message de Philippe Sabot du 13/12

- Message de Philippe Sabot aux étudiants de L3 (UE de philosophie générale)
L'examen de contrôle continu, initialement prévu ce samedi 15 décembre, est bien annulé, le blocage de l'université ayant été reconduit lundi dernier. Le DS sera prochainement reprogrammé en janvier. Une session d'oraux sera également organisé en janvier, conjointement avec A. François, pour celles et ceux qui n'ont pas eu l'occasion de passer pendant les séances de TD.

- Message de Philippe Sabot aux étudiants de L1 (UE 4 "Philosophie et littérature").
Je communiquerai très prochainement un plan analytique du cours qui sera disponible sur le blog de l'association Noesis.
Bonne fin de semaine à tous et bon travail.

Philippe Sabot

mercredi 12 décembre 2007

Message de Shahid Rahman du 12/12

dear L3

please send me by email the sumamry of Kant: not more than 4 pages
then the summaruy of Bolzano other ' pages

for next week please add a summary of three pages

either

of quine: on what there is (there are french translation)

or of

three frist conferences of Kripke Naming and Necessity

(to undrstand BOTH TEXTS you will need to study the theory of definite
descriptions (in GAMUT 1 or somewhere else)

for the exam i will ask you too to have prepared and exposed orally a
discussion of the logical part
(epsitemic logic: you will need to use the paper on epistemic logic at
the stanford encyclopaedia)

Message d'Anne Boissière du 12/12

Master 1 – Esthétique et Psychanalyse – Mme BOISSIERE

Si les cours reprennent la semaine du 17 décembre 07 les étudiants de Master 1 pourront remettre leur texte pour la validation du séminaire. Si le blocage persistait, les travaux seront remis à la rentrée de janvier selon des modalités qui seront indiquées au moment voulu.

Mme Boissière organisera, dans la mesure du possible, une journée d’étude après les vacances de Noël afin de faire un bilan semestriel et de donner la possibilité aux étudiants de présenter leur travail.

Message de Claudio Majolino du 12/12

L1 – Philosophie générale
Comme vous l’aviez sans douté remarqué, la structure du CM sur La Vérité
était délibérément conçue dans le but de favoriser la participation active
des étudiants et la problématisation des notions à partir d’une lecture de
textes philosophiques. Pour bien préparer l’examen il est donc important
de relire attentivement vos notes ainsi que les photocopies distribuées en
cours. Je vous conseille de créer des groupes de travail commun et de
mutualiser vos notes de cours. Rappelez-vous notamment des points
suivants, abordés ensemble avant le blocage :
1. La distinction entre vérité propositionnelle (=le vrai) et vérité
ontologique (=la vérité)
2. La question des différents « porteurs de vérité » (le langage,
l’opinion (ou croyance), la pensée)
3. La thématique que nous avions appelée « l’ombre de la vérité » (le
faux, l’illusoire, l’irréel)
Les auteurs sur lesquels nous avons insisté en cours ont été notamment
Platon et Aristote. Outre les photocopies distribuées j’imagine que vous
avez déjà commencé à lire les extraits signalés dans le Guide des Etudes.
Insistez notamment sur :
_ Platon, La République, Livres VI et VII
_ Aristote, Métaphysique, VI 4 et X 10.
A titre de complément bibliographique je vous suggère la lecture du petit
bouquin suivant :
_Pascal Engel, La vérité, Hatier, Collection Optiques. (Il est court, pas
cher et assez bien fait)
Sinon vous pouvez lire également l’entrée « Vérité » du Vocabulaire
technique et critique de la Philosophie de André Lalande
Si en lisant les textes vous rencontrez des difficultés de compréhension
n’hésitez pas à me contacter par e-mail.

Quant au TD, nous avions insisté sur ce que nous avons appris à appeler «
les paradoxes de la vérité ». J’ai distribué en cours quatre textes :
1. Platon, Théétète, 171a-c
2. Aristote, Métaphysique, IV, 1012a 29-1012b 22
3. Sextus Empiricus, Esquisses Pyrroniennes, Ch. VIII-IX
4. Augustin, Soliloques, II.2.A
Le commentaire d’un cinquième texte sur Anselme était prévu la semaine du
blocage. Les participants au TD n’ayant pas fait d’exposé vont devoir
m’envoyer par e-mail au plus tard le 7 janvier (la date est négociable) le
commentaire écrit de l’un des textes abordés en cours. Dans chaque
commentaire il faudra a) montrer d’avoir compris la structure du texte, b)
dégager les lignes directrices de l’argumentation, c) préciser ce que
c’est qu’un « paradoxe de la vérité » en général, d) expliciter le type de
paradoxe présent dans le texte en question.
J’encourage énormément le travail de group, mais n’oubliez pas que chaque
commentaire doit être personnel. Toute question, envoyée par e-mail,
courrier ou pigeon voyageur (pourvu qu’elle soit le fruit d’une véritable
réflexion… évitez les questions du style « Monsieur je n’ai pas compris…
») sera la bienvenue !

L2 – Histoire de la philosophie contemporaine
Le TD sur L’intentionnalité était organisé chronologiquement. Nous avions
commencé à lire les textes de Brentano, puis de Twardowski avant d’aborder
les Recherches logiques de Husserl. L’itinéraire devait se poursuivre
jusqu’à la phénoménologie contemporaine, mais nous nous sommes interrompus
avant les deux exposés prévus sur l’intentionnalité dans les Idées
directrices. Je suis en train de retaper tous les textes qui restaient à
commenter, et je les mettrai en ligne d’ici peu. Quant à l’évaluation, il
existe quatre cas de figure :
1. Les étudiants qui ont déjà passé un oral et qui s’estiment satisfaits
de leur performance n’ont pas à se faire de soucis : ils ont leur note !
2. Les étudiants qui ont, disons, trébuché lors de leur exposé oral,
peuvent, s’ils le souhaitent, reprendre leur commentaire, le rédiger et me
l’envoyer par e-mail avant le 7 janvier (la date est négociable).
3. Les étudiants qui n’ont pas fait d’exposé oral mais qui avaient déjà
choisi leurs textes, devront en préparer un commentaire écrit à envoyer
par e-mail toujours avant le 7 janvier.
4. Les étudiants qui n’ont pas passé d’oral et qui n’avaient pas choisi
leurs textes, devront les choisir dans la liste, dès qu’elle sera mise en
ligne. Ils devront ensuite rédiger leur commentaire et l’envoyer par
e-mail toujours avant le 7 janvier.
Les étudiants se trouvant dans les cas de figure 3. et 4. et dont j’aurai
reçu les textes avant la date limite, passeront leurs examens oraux la
semaine suivante.
Pour tout complément d’information, n’hésitez pas à utiliser mon adresse
e-mail.

L2 PHILO – L3 PHILO/SOCIO : Philosophie du droit
Pas grand-chose à dire : il faudra finir de lire le bouquin de Reinach et
relire attentivement vos notes de cours. Si je ne me trompe pas, l’examen
se déroule en deux phases. A l’oral, il faudra préparer un extrait au
choix des Fondements a priori du droit civil. L’idéal serait de prendre un
paragraphe entier, le contextualiser, le résumer, et en montrer les
enjeux. L’exposé devrait durer 20 minutes, la reprise 15 minutes environ.
Je vous rappelle que tout le monde peut assister aux examens oraux. Cela
nous fera des suppléments de cours.
Pour l’écrit, j’avais pensé à une dissertation portant sur une question
générale de philosophie du droit.
Si vous avez des questions (ou des suggestions), je vous rappelle mon
adresse e-mail :
claudio.majolino@univ-lille3.fr

J’espère n’avoir rien oublié.

CM

mardi 11 décembre 2007

Universités, Le Grand Soir.

Nous vous proposons ici des vidéos du site de L’autre campagne et du collectif Sauvons la Recherche, réalisées par Thomas Lacoste. Tout comme la commission culture de l'AG de Lille 3, nous sommes interessés par l'organisation d'un visionnage du film qui serait suivi d'un débat. En attendant, il vous est possible de découvrir ces quatre vidéos sur http://www.lautrecampagne.org/reforme,universite.php

"Régulièrement les gouvernements de droite comme de gauche rêvent de prendre le contrôle sur l’Université et de transformer la Recherche en un vaste bureau d’études. Cette fois l’attaque est particulièrement brutale. Profitant de la crise profonde qui frappe des établissements universitaires dépourvus de moyens et confrontés à un afflux sans précédent d’étudiants, le gouvernement souhaite instaurer un système inégalitaire, localiste, autocratique, de plus en plus dépendant de la commande publique et privée.

Dans ce film chercheurs, enseignants, syndicalistes viennent démonter les pièges d'une réforme rétrograde et rappeler quelles sont les conditions de production et de transmission d'un savoir universel accessible au plus grand nombre qui devraient guider une réforme réellement progressiste de l'Université." Lautrecampagne.org

Message de Philippe Sabot du 11/12

Bonjour,

Vous trouverez, en fichier joint, le document de travail sur l'Abécédaire du désir que j'ai envoyé à de nombreux étudiants de L3 pour les aider dans leur révision.
Le DS initialement prévu ce samedi 15 décembre est reporté sine die. Il aura sans doute lieu à la rentrée de janvier si...
Bien cordialement,
PS

Cliquez-ici pour accéder au fichier.

Message de Claire Louguet du 11/12

Nota Bene : Nous (Association Noesis) tenons à affirmer que nous restons neutres sur la question du blocage et que nous publions tout avis, mais n'en cautionnons aucun particulièrement.

Quelques réflexions suite à la reconduction du blocage (message du
10/12).
Je pensais que le blocage cesserait aujourd'hui - et je l'espérais.
J'ai beaucoup de mal à comprendre ce qui se passe en ce moment. Il est
évident que ce moyen de lutte s'est révélé inefficace ; il est même
désormais suicidaire.
Le nombre d'universités bloquées a nettement diminué ; les
manifestations contre la LRU ont, durant ces six semaines, rassemblé
très peu de monde. De nombreux étudiants continuent à se prononcer en
faveur du blocage alors que bien peu y participent ; en dehors des
jours de vote, je constate que très peu d'étudiants se sont rendus à
l'université. Il faut donc se rendre à l'évidence : les raisons
invoquées pour le maintien du blocage (faire pression sur le
gouvernement, donner aux étudiants la possibilité de manifester et les
inviter à s'impliquer dans le mouvement) ne convainquent plus. Je suis
opposée à la LRU, mais je ne puis cautionner une telle absurdité.
Je ne vois pas ce que nous avons gagné, mais je vois ce que nous avons
perdu, et surtout ce que les étudiants ont perdu. A supposer que les
examens puissent avoir lieu correctement - ce qui est hautement
improbable désormais -, les six semaines d'enseignement sont
irrémédiablement perdues et il est certain qu'aucun rattrapage digne de
ce nom ne pourra être mis en place.
Je m'interroge donc sur les motivations des personnes qui votent encore
en nombre pour le maintien du blocage. Elles risquent, en tout cas,
d'ajouter à l'échec du mouvement d'autres échecs d'ordre local :
l'exacerbation des tensions, le ressentiment, l'incompréhension, pour
ne pas parler du sentiment (justifié) d'avoir tout perdu. Lorsque le
rapport de force s'inverse à ce point, il est illégitime et
contre-productif de vouloir poursuivre à tout prix. C'est même, à mon
sens, très grave.
A l'UFR, nous avons décidé ensemble, lors des réunions organisées par
l'association Noésis, de mettre en place des réunions et des groupes de
travail pour poursuivre le débat autrement, d'une façon constructive.
Mais tant que le blocage est maintenu, et étant données les raisons de
son maintien, je dois dire que je n'ai pas le cœur à participer aux
groupes de réflexion que nous pensions mettre en place.
Claire Louguet

Message de Claudio Majolino du 11/12

Bonsoir,
Je viens d’apprendre les résultats du vote d’aujourd’hui, et je me permets
de vous faire part de mon désarroi. Le blocage a été à nouveau reconduit
et j’ai du mal à comprendre pourquoi. Les étudiants pouvaient désormais
compter sur le soutient de nombreux enseignants, prêts à s’engager pour
que le mouvement contre la LRU continue après le blocage. Ils auraient
également pu bénéficier d’une semaine de cours intensifs, caractérisée par
la mise en place de tout un pan de dispositifs de rattrapage et
d’activités de soutien. Qui plus est, un vote massif et clair aurait
permis un déblocage légitime et favorisé le passage à une nouvelle phase
de mobilisation. Maintenant tout risque de basculer. Ce blocage à outrance
n’a absolument aucune efficacité politique alors que ses effets néfastes
sont désormais évidents : il menace la fin du semestre, qui à l’heure
actuelle paraît déjà sérieusement compromis ; il menace la crédibilité des
étudiants pro-blocage (peu nombreux pendant la semaine, leur nombre
grandit soudainement les jours du vote) ; mais il menace aussi et surtout
l’avenir du mouvement anti-LRU à Lille 3, qui risque d’être
considérablement affaibli par cette stratégie plutôt incompréhensible.
Cela dit, les étudiants ont voté, et je me dois de respecter leur vote. Je
n’encouragerai personne à forcer les barrages ou à appeler la police, pour
que les cours reprennent à tout pris. Mais tant que le blocage ne sera
levé, je ne pourrai pas non plus m’engager dans des activités – je pense
notamment aux groupes d’information et de réflexion dont nous avions parlé
lors de la rencontre de jeudi dernier – susceptibles de cautionner l’état
des choses actuel.
Bien cordialement

CM

Message d'Eleonore Le Jallé du 11/12

Eleonore Le jallé vous communique les informations suivantes:


- L3 : travailler le texte en français de John Stuart Mill, Le gouvernement représentatif, téléchargeable sur le site de la bnf à l'adresse suivante :
http://gallica2.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1113311.r=mill+le+gouvernement.langFR (pour télécharger, cliquer sur l'icône qui représente une imprimante).
Parallèlement au texte en français, lire mon résumé (m'écrire à eleonore.lejalle@univ-lille3.fr si vous n'étiez pas là lorsque j'ai distribué ce résumé aux dernières réunions Noésis).
Si nous ne nous revoyons pas d'ici là, s'entraîner à la traduction (en vue de l'écrit) en prenant quelques extraits du livre en anglais, soit les textes que j'ai distribués, soit d'autres textes dans le livre de Mill "Considerations on Representative Government" qui se trouve dans le volume "On liberty and other essays" consultable à la Bibliothèque Centrale.
- M1 : le mini-mémoire (une dizaine de pages tapées en police 12, interligne 1,5) doit m'être remis avant les vacances de noël, au plus tard pendant la première semaine des vacances (si le blocage n'est pas levé d'ici le début des vacances, me l'envoyer en fichier attaché à l'adresse eleonore.lejalle@univ-lille3.fr).
Cordialement,
ELJ

lundi 10 décembre 2007

Message de Bernard Maitte du 10/12

LRU – Thème 1

Contribution de Bernard Maitte

Dans l’enseignement supérieur français coexistent des filières courtes sélectives (Grandes Ecoles, Ecoles d’Ingénieurs, IUT) professionnalisées, des filières longues sélectives professionnalisées (Universités de Médecine et de Droit) et des filières longues non sélectives conduisant à la recherche (Universités des Sciences et des Lettres). Dans un conteste où le baccalauréat, premier grade de l’Enseignement Supérieur, est devenu le diplôme de fin d’études secondaires obtenu par une grande masse de lycéens (l’objectif visé est quantitatif plus que qualitatif), les Universités des Sciences et des Lettres n’ont pas pu s’adapter à la gestion de grands flux. Elles comprennent, comme le souligne le rapport Goulard, les meilleurs enseignants et les moins bons étudiants.

  1. La LRU est une loi qui ne se caractérise pas par le courage politique :

    1. elle ne traite pas du contenu des études secondaires, de la définition des pré-requis indispensables à l’entrée dans l’enseignement supérieur, de la nécessaire définition de filières adaptées à la motivation, la compréhension, la capacité des lycéens. L’égalité (le droit aux études) n’est pas à confondre avec l’identité (tous les élèves ont le même niveau, le même potentiel, le même niveau social).

    2. elle laisse subsister la dualité filières courtes sélectives professionnalisées et filières longues non professionnalisées, ce qui oriente statistiquement les moins bons étudiants vers celles-ci, les seules à mener à la recherche.

  1. La LRU est une loi dangereuse pour le développement de la recherche fondamentale

    1. le pilotage par l’aval (les applications recherchées), les contrats à courte durée, l’évaluation par des experts nommés, la précarisation des jeunes chercheurs incitent à ne privilégier que la recherche finalisée. Or une telle recherche, comme toute recherche « à la mode », est une recherche du passé. Elle s’appuie sur des résultats théoriques obtenus précédemment. Ces résultats théoriques ont très souvent été obtenus de manière inattendue, ne portent pas application immédiate, supposent le temps, la fréquentation des « voies de traverses » incertaines. La recherche fondamentale nécessite un investissement qui peut être improductif. Qui pensait que le « calcul à l’envers » effectué par Planck (1900) pour rendre compte de l’émission du corps noir aménerait la Quantique, sur laquelle reposent beaucoup de développements technologiques actuels ? Les crépiteurs de Hertz (1885), destinés mettre à l’épreuve les équations théoriques de Maxwell, amenèrent radio et télévision un demi siècle plus tard. Edison et Adler en faisant vibrer une peau sous l’action d’un courant modulé ne pensaient pas inventer le téléphone. Le dénombrement des groupes de symétrie (1875), effectué « par jeu » ne trouva d’application qu’avec le développement de la cristallographie (1925). Frédéric et Irène Joliot-Curie, découvrant la radioactivité artificielle pensaient avoir mis en évidence une bizarrerie. Et que dire du manque d’application de la Relativité générale ? Nous pourrions multiplier les exemples. La recherche se doit de poser de nouvelle questions et non seulement apporter des réponses aux questions posées.

    2. Par contre la LRU vient s’adapter à une situation : celle de l’absence endémique de recherche dans les entreprises françaises. Elle met à disposition de celles-ci, à courte vue, le potentiel, humain et matériel, de recherche universitaire … dans le temps même où le capitalisme industriel fait place au capitalisme financier, qui détruit les entreprises pour augmenter les profits des dirigeants, des actionnaires et les fonds de pension. Ne faut-il pas réglementer ceux-ci et obliger à l’investissement du privé pour le privé que de mettre à la disposition de capitaines d’industrie incompétents le potentiel public ?

    3. La LRU prend aussi pour modèle les Etats-Unis d’Amérique, mais un modèle non compris de nos technocrates puisque la recherche des USA vit grâce au recrutement mondial de ses chercheurs et grâce à la « prise de risque » en recherche fondamentale effectuée par les pays tiers.

    4. La LRU précarise encore plus qu’actuellement les titulaires de thèse : alors que les chercheurs de ma génération étaient recrutés à 23 ans en moyenne, les actuels vers 30 ans, la LRU précarise les bac+7 en leur offrant des CDD. Faut-il rappeler que la majorité des découvertes fondamentales ont été faites par des savants de moins de 28 ans … et que, déjà, la recherche souffre de l’individualisme dû à la précarité des chercheurs ?

  1. La LRU est une loi anti-humaniste

Elle est démagogique car elle dit vouloir former des étudiants « utiles » à une époque où le manque de débouchés, les délocalisations, le chômage caractérisent notre pays, non par manque de techniciens ou d’ingénieurs, mais par manque d’initiative industrielle.

    1. L’enseignement primaire, secondaire et supérieur doivent former des hommes capables de penser, de raisonner, de se situer dans un contexte changeant, de savoir d’où ils viennent, afin de pouvoir choisir leur présent et d’inventer l’avenir. Ils doivent montrer que la science est une pensée vivante qui porte en elle-même sa propre capacité de contestation : le recours à l’expérience. Cette mission humaniste doit être celle de l’Etat Régalien. Vouloir s’adapter au privé c’est vouloir développer non l’éducation mais un dressage particulier. C’est pourquoi le LRU privatise, détruisant les ambitions culturelles qui doivent être celles de l’enseignement supérieur et de la recherche.

    2. Cette réforme « utilitariste » et voulant adapter recherche et formation aux débouchés immédiat porte en germe la disparition des sciences humaines.

  1. . Réformer l’Université et la Recherche actuelles


La critique qui précède montre que l’Université et la Recherche doivent évoluer profondément, non sur le seul plan des moyens, mais surtout des contenus et des structures.

    1. Le système universitaire devrait supprimer la dichotomie soulignée au premier paragraphe entre filières courtes sélectives et longues non sélectives, offrir des filières différentiées, contribuer à forger un humanisme de notre temps, faisant entrer la culture dans les sciences et les sciences dans la culture.

    2. La recherche française doit s’articuler entre les Universités et les grands organismes, permettre aux chercheurs d’être, selon leurs choix, leurs motivations, la période de leur vie, diffuseurs de sciences, enseignants, chercheurs, administrateurs, sans que cette dernière fonction devienne un métier sans retour où s’engouffrent ceux qui ne cherchent plus ( sinon des places) et n’enseignent plus.

    3. On ne fait pas de recherche sans avoir « plusieurs fers au feu ». La coexistence de recherche désintéressée, pour le plaisir, et celle « à la mode » dans des programmes thématiques doit être favorisée.

Malgré les sommes investies dans ces domaines, on ne voit guère d’avancée significative dans le domaine du cancer, de la myopathie… Il ne suffit pas de décréter que telle ou telle cause est nationale pour la résoudre. La solution vient souvent de directions qui surprennent et restent « hors programmes ».

    1. L’évaluation à mettre en place doit privilégier le long terme et le a posteriori et non l’ a priori. Or c’est la première que l’on ne sait pas faire.


Réfléchir à ces pistes – et à d’autres – nécessite un débat citoyen, mise ne place de « groupe de dissensus » où les participants posent d’abord tous les problèmes auxquels ils pensent et les solutions qu’ils envisagent. Ce n’est que par une mobilisation générale et la mise en synergie de toutes les idées que la réforme nécessaire peut émerger, non du chapeau de quelques technocrates étendant aux domaines de la recherche et de l’enseignement les recettes qui se révèlent mauvaises dans le domaine de l’économie.

Lille, le 8 décembre 2007

Message de Claire Louguet du 10/12

Bonjour,
les DS de L2 (initialement prévu le 20 décembre) et de L3 (initialement prévu le 21 décembre) étant reportés en janvier (semaine du 7), voici le nouveau programme des cours et des oraux d'ici Noël :

L2 (la morale antique)
Jeudi 13 décembre : CM sur Socrate et Platon. TD : corrigé du DM, puis exposés de Guillaume DROUSSE (Apologie de Socrate) et d'Hermann BEAUGRAND (Alcibiade).
Jeudi 20 décembre : CM sur Platon et Aristote. TD : exposés de Lucie DANEL (Gorgias) et de Valériane PICAUD (Gorgias).
Les exposés initialement prévus en novembre auront lieu la dernière semaine de décembre. Les autres auront lieu en janvier.
Examen : DS (commentaire de texte) REPORTÉ EN JANVIER (SEMAINE DU 7) (Rappel : vous devez bien connaître ce qui a été vu en cours et avoir lu la République, l'Apologie de Socrate et le Gorgias de Platon et l'Ethique à Nicomaque d'Aristote)
DM : Merci de déposer vos copies lundi 10 décembre, ou mardi matin
dernier délai à la bibliothèque de l'UFR ou au secrétariat.

L3 (L'Ethique à Nicomaque)
Vendredi 14 décembre : CM sur le livre III. TD : corrigé du DM, puis exposés de Fallon ELOY (III, 6) et de Sabrina MEZIANE (III, 7).
Vendredi 21 décembre : CM sur le livre VI. TD : exposés de Sophie DE PREESTER (VI, 2) et de Romain MERCIER (VI, 4). Les autres exposés auront lieu la dernière semaine de décembre.
Examen : DS (commentaire de texte) REPORTÉ EN JANVIER (SEMAINE DU 7)

Cordialement,
Claire Louguet (claire.louguet@univ-lille3.fr)

dimanche 9 décembre 2007

Message du Bernard Joly du 08/12

bernard.joly@univ-lille3.fr

Licence 1, UE 2, Histoire de la philosophie classique

Programme : Les Méditations métaphysiques de Descartes.

En cas de levée du blocage de l’université, je reprendrai mes cours à partir du mardi 11 décembre.

Pour rattraper les séances perdues, les étudiants des deux groupes (TD1 et TD2) sont appelés à participer à chacun des deux TD hebdomadaires à partir du mardi 11 décembre, avec le programme suivant :

- mardi 11 décembre : textes n° 11 et 12 (+ corrigé du DM1)

- jeudi 13 décembre : textes n° 13 et 14

- mardi 18 décembre : textes n° 15 et 16

- jeudi 20 décembre : textes 17 et 18 (+ corrigé du DM2)

De plus, j’organiserai une séance supplémentaire pour le TD2 le mercredi 12 décembre de 15 à 17 heures, dans une salle qui sera annoncée le 11 décembre. Programme de cette séance : textes 7, 8, 9 et 10, avec les exposés des étudiants prévus pour les textes 7 et 8.

Bien entendu, ce programme ne sera réalisé que si les cours reprennent. Il ne s’agit pas d’un appel à forcer les barrages.

Attention : Le DS prévu le mardi 18 décembre matin est reporté à la semaine du 7 au 12 janvier. La date en sera précisée dès que le calendrier des épreuves terminales sera connu.

Voici le sujet du second devoir à la maison (DM2), à rendre si possible le jeudi 13 décembre : commentaire de texte, Méditation V, § 15, GF pp. 169-171, depuis « Mais après que j’ai reconnu... » jusque « …lesquels n’ont point d’égard à son existence. »

Voici la liste des textes à commenter dans les TD, avec les références de chaque texte :

texte n° 11 : Méditation III, § 39, GF pp. 129, depuis «Et certes on ne doit pas trouver étrange… » jusque « …les choses qui marquent quelque imperfection. »

texte n° 12 : Méditation IV, § 4-5, GF pp. 135-137, depuis « En après j’expérimente en moi-même... » jusque « …n’est pas en moi infinie. »

texte n° 13 : Méditation IV, § 9b, GF pp. 141-143, depuis « Et ce qui me semble bien remarquable... » jusque « …sans jamais être indifférent. »

texte n° 14 : Méditation V, § 8, GF pp. 161-163, depuis « Mais encore qu’en effet... » jusque « …un cheval sans ailes ou avec des ailes. »

texte n° 15 : Méditation VI, § 10-11-12, GF pp. 181-183, depuis « Et parce que je me ressouvenais... » jusque « …qui me pussent obliger à les faire. »

texte n° 16 : Méditation VI, § 22-23-24, GF pp. 191-193, depuis « Et premièrement il n’y a point de doute... » jusque « …du mélange de l’esprit avec le corps. »

texte n° 17 : Méditation VI, § 28-29, GF pp.195-197 , depuis « Ainsi quoiqu’une étoile... » jusque « …rien enseigner que de fort obscur et confus. »

texte n° 18 : Méditation VI, § 35-36, GF pp. 203-205, depuis « Je remarque outre cela... » jusque « …la bonté du Dieu qui les a produits. »

Les étudiantes et étudiants qui s’étaient inscrits pour des exposés sont invités à confirmer leur présence : bernard.joly@univ-lille3.fr

Pour celles et ceux qui n’auront pas pu présenter un exposé pendant les TD, des séances d’oraux seront organisées, soit dans la semaine du 17 au 22 décembre 2007, soit dans la semaine du 7 au 12 janvier 2008.

vendredi 7 décembre 2007

Message de Véronique Decaix du 07/12

Chères étudiantes, chers étudiants, (LIII philo, philo-socio)
Ci-joint une lettre détaillée sur le planning de la suite des séances avec textes et date de passage pour l'UE philosophie médiévale.
Merci de bien vouloir me confirmer la réception de ce message, de votre texte le cas échéant, et de votre passage.
Pour toute question et/ou suggestion, merci de me contacter à l'adresse suivante: veronique.decaix@gmail.com
Bien à vous,
Mlle Decaix Véronique

Cliquez-ici pour consulter la lettre

Message de Bernard Maitte

A l’issue d’une assemblée générale réunie le 4 décembre 2007 (29 
présents), les enseignants de l'UFR de Philosophie de l'Université Paris 1
ont adoptée à l’unanimité moins une voix la motion suivante :


"Les enseignants de l’ufr de philosophie de l’université de Paris 1
Panthéon-Sorbonne se déclarent solidaires des mouvements de
contestation
de la loi « LRU » dite sur l’autonomie des Universités, tant au sein de

l’université de Paris 1 qu’au niveau national. Ils rappellent les très
graves dangers que cette loi fait peser sur le fonctionnement
démocratique de l’université française, le statut des
enseignants-chercheurs, les conditions de travail des personnels
BIATOS,
et, plus largement sur les valeurs humanistes et scientifiques qui
fondent l’université française. Ils exigent la suspension immédiate de
son application et l’ouverture d’un vrai débat avec la communauté
universitaire. Conscients de la nécessité de réformer l’université
française, ils affirment que cette réforme ne peut intervenir qu’après
une vaste concertation de l’ensemble de la communauté universitaire et
une réflexion globale sur l’enseignement supérieur français et les
missions de l’université."

et

Les élus du CA de l'université Lille 1 ont préparé un débat autour de 5 thèmes
pour le *jeudi 13 décembre, de 9h à 13h (Amphi Gosselet / bâtiment

SN1 / 3è étage)
Les thèmes ont fait l’objet d’un appel à propositions (message général
du 30 novembre).
Si vous n’avez pas encore écrit votre contribution, vous pouvez le faire
sur le site avant le lundi 10 décembre sur le site

http://www.iut-info.univ-lille1.fr/~secq/debats/


L’Equipe de Direction accompagne les élus du CA dans leur demande de
diffusion de toute information favorisant la participation à ce débat.

Message de Gaëlle Bernard

Bonjour,
suite à votre demande, je fais suivre en pièce jointe la lettre que
j'avais envoyé aux étudiants de licence trois contenant les conseils de
lecture, ainsi que les deux polys qur TA et TI.
Bien cordialement à vous,
G.Bernard

- lettre adressée aux étudiants
- poly sur Totalité et Infini
- poly sur le Temps et l'Autre

Message de Shahid Rahman du 07/12

Dear Students of L3

have told that i will be on monday morning at the university.
Unofrutantely this will not be possible.

But please

1) Prepare a summary of the Kant part
2) and the logical part we saw

For next thursday please

prepare Bolzano, and write a summary of the text

and for the student to whom it talked to prepare the suite: PLEASER
PREPARE CHAPTER 2.2

FOR FOR THE LAST THURSDAY of december

1) please prepare a discussion of the principles of epistemic logic
2) prepare the four first chapter on Kripkes Naming and necessity
(there
is a french translation at the university)

FOR JANUARY/ THERE WILL SOME TESTS ON THESE SUBJECTS IN MY OFFICE

if you need some help
do not hesitate to contact me
or

Juan Redmond
juan
or
nicolas clerbout
Nicolas Clerbout
or
Mathieu Fontaine
matthieu fontaine
best

shahid

Compte-rendu de la réunion du 06/12/07

Une soixante d'étudiants ont pris possession de la salle A4.120, ce jeudi 6 décembre à 11h. Côté enseignants, étaient présents Shahid Rahmann, Michel Crubellier, Juan Redmond, Matthieu Fontaine, Gaëlle Bernard, Claire Louguet, Eleonore Le Jallé, Marie-Hélène Gorisse, Véronique Decaix, Lucien Vinciguerra, Anne Lefebvre, Milena Doytcheva, Bernard Sève, Patrice Canivez et Philippe Sabot. Le bureau était constitué de Claudio Majolino et Bernard Joly qui assuraient tout deux la fonction de modération, de Norma (présidente de Noesis), de Guillaume (membre de Noesis) qui se sont occupés de la prise de notes, et de Rémy (trésorier de Noesis), qui a présidé la réunion. Nous tenons d'abord à remercier les enseignants qui sont venus pour discuter avec nous, et estimons que la rencontre a été très fructueuse : en effet, de nombreuses idées ont été émises pour encadrer, structurer la poursuite de la mobilisation.

La réunion s'est déroulée selon l'ordre du jour qui avait été préparé par l'association :
- dans un premier temps, il s'agissait de récapituler la situation (les deux votes contradictoires, la tentative de levée des blocages, et le reblocage de la fac) et de rappeller qu'un vote (dont je viens d'apprendre à France 3 qu'il sera organisé par l'assemblée générale... à vérifier : n'hésitez-pas, si vous avez des informations, à nous les communiquer en utilisant la fonction "commentaire") aura lieu lundi 10/12, mais également de parler de la suite de la mobilisation et des moyens à mettre en oeuvre pour l'amplifier.
- dans un second temps, il a été question des modalités d'examen et de rattrapage des cours.

Quelques idées émises pendant la réunion :
- repousser les partiels serait envisageable, tout en sachant qu'il ne sera pas possible d'utiliser les jours normaux de congés du personnel (le samedi 22/12 par exemple), par respect pour le travail qu'ils n'ont pas cessé de mener pendant que nous, étudiants, bloquions.
- nécessité de former un groupe de discussion, de travail, de réflexion et d'information : une dizaine d'étudiants et d'enseignants ont affirmé qu'ils étaient disponibles pour y participer.
- envisager d'utiliser le portail de l'université Lille 3 pour informer massivement sur la LRU, en faisant pression sur la présidence. Pression dont Bernard Joly a rappelé qu'elle était peut-être plus légitime et pertinente si elle était portée par les élus du CA.
- nécessité d'organiser des réunions comme celle-ci : plus efficaces, plus pertinentes, intéressantes dans le sens où elle recréent le lien (malmené voire rompu par les quatre semaines de blocage) entr'étudiants et enseignants, chose impossible avec une simple assemblée générale. Intéressante aussi en ce qu'elle permet à chacun de s'exprimer plus facilement (les interlocuteurs se connaissent).
- importance de présenter un contre-projet comme le fait le mouvement "Sauvons la recherche".

Quant aux modalités d'examen et de rattrapages, elles ont été précisées ou reprécisées :
- Anne Lefebvre : il ne sera pas possible de rattraper tous les cours perdus. Un mail a été envoyé aux étudiants, s'il n'a pas été reçu, prière d'envoyer un message à l'adresse anne.lefebvre@univ-lille3.fr
- Bernard Joly : le devoir surveillé pour les L1 est reporté.
- Véronique Decaix : rattraper tous les cours ne sera pas possible. Si (et seulement si), la fac est débloquée lundi, il y aura cours le 12/12 et le 19/12 à l'heure habituelle. L'accent y sera porté sur le concept de "théologie négative" et de "théologie positive". Les oraux seront reportés et seront publics.
- Gaëlle Bernard : des conseils de lecture seront envoyés par mail et affichés sur ce blog. gaelle.bernard@univ-lille3.fr pour recevoir ces informations.

A noter que des tutorats seront assurés chaque lundi de 10h30 à 12h, aussi bien pour les L1 que les L2 et les L3, par des étudiant(e)s qui préparent les concours. Mail à philippe.sabot@univ-lille3.fr pour s'y inscrire.
Nous rappelons aux enseignants et étudiants qu'il leur est possible de publier sur ce blog en envoyant leurs contributions à noesis.asso@yahoo.fr.

N'oubliez pas d'aller voter lundi !